La publication du rapport d’activité 2020-2021 de l’APE (Agence des Participations de l’Etat). est attendue.
La rapport rappelle la doctrine d’investissement de l’Etat actionnaire. Décidée en 2017, elle est recentrée sur 3 types d’entreprises :
- Entreprises stratégiques qui contribuent à la souveraineté de la France (nucléaire, défense…) ;
- Entreprises participant à des missions de service public ou d’intérêt général national ou local ;
- Les entreprises en difficulté dont la disparition pourrait entraîner un risque systémique ;
Toutefois, cette doctrine d’investissement a été revue du fait de la crise de la Covid-19, qui a décidé d’orienter le pilotage du portefeuille d’investissement de l’APE (83 entreprises dont 11 cotées) selon 4 facteurs :
- Venir au secours des entreprises frappées par la crise,
- Prise en compte élargie de la souveraineté économique visant à maintenir en France les centres de décision des grandes entreprises
- Accompagnement des entreprises dans leur transition numérique ;
- Intégration d’exigences environnementales imposant l’éco-conditionnalité dans les choix d’investissement de l’APE (notamment sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre) ;
L’APE a actualisé en 2021 une Charte RSE à destination des entreprises de son portefeuille :
- Intégrer pleinement les enjeux RSE dans la stratégie et dans la raison d’être et mettre en place une gouvernance adaptée pour le développement durable ;
- S’assurer de la transition vers une économie bas carbone (réduire émissions de CO2, diminuer la production de déchets, favoriser l’économie circulaire, préserver la biodiversité) ;
- Agir en employeur responsable (diversité & inclusion, dialogue social, employabilité des collaborateurs, santé-sécurité et bien-être au travail) ;
- Générer un impact sociétal positif (développement local, achats responsables) ;
- La valeur du portefeuille coté de l’APR a bien résisté : elle se situe à un taux de rendement actionnarial total de +35,6% sur un an. Le rendement actionnarial total du portefeuille sur 5 ans s’établit à +8,7% (vs +10,9% pour le CAC 40). La valeur totale des participations est estimée à 124,9 Md€ au 30 juin 2021 (dont 70Md€ de valorisations boursières) ;
- L’APE note que l’Etat actionnaire a reçu seulement 332 millions d’euros de dividendes en numéraire : l’ensemble des entreprises du portefeuille coté ont annulé le versement de dividendes en 2020, à l’exception de FDJ, Thales et Orange ;
- Entre juillet 2020 et juin 2021, l’APE a procédé à des cessions pour un montant de 356 millions d’euros, à comparer à des prises de participation à hauteur de 11,131 Md€ ;
Dans une tribune publiée dans Les Echos, Etienne Lefebvre déplore l’inflexion donnée à la doctrine d’investissement de l’APE. La doctrine adoptée en 2017 demandait à l’Etat actionnaire de se recentrer sur les enjeux de souveraineté et le bon fonctionnement de l’économie, tout en abandonnant les secteurs où l’intervention de l’Etat actionnaire n’était pas essentielle. La crise a stoppé ce recentrage car l’Etat a dû se porter au secours d’entreprises et les processus de cession ont été stoppés (ADP, ENGIE) en dépit de la privatisation réussie de la FDJ. Or, la nouvelle doctrine de l’APE ne sera pas simple à assumer, avec un cahier des tâches élargi à l’accompagnement des entreprises dans leurs transitions écologique et numérique. Avec un risque : « la dispersion des actions, des priorités et des responsabilités ». De plus, l’auteur pointe la multiplication inefficace des outils d’intervention de l’Etat actionnaire : BPI France, l’APE, les plans d’investissement d’avenir, un Fonds pour l’innovation lancé en 2019, un plan de relance avec des fonds sectoriels (Fonds nucléaire, Fonds aéronautique, Fonds automobile) et le plan d’investissement France 2030. Dans ce mouvement, l’APE a une influence faible dans la gouvernance des différents outils et se retrouve reléguée dans la gestion de ses participations historiques. Pourtant, elle pourrait être l’institution publique responsable du pilotage global des investissements de l’Etat actionnaire. Enfin, nous tenions à attirer votre attention sur un article très pédagogique des Echos intitulé « Le CAC 40 en 10 questions ». En dernière partie, un focus est fait sur le regain d’intérêts des actionnaires individuels pour la Bourse.En deux ans, 800.000 nouveaux investisseurs ont fait leurs premiers pas sur les marchés, des boursicoteurs au profil plus jeune que les petits porteurs existants, d’après les chiffres de l’Autorité des marchés financiers. La pandémie et les mesures de confinement qu’elle a entraînées ont donné un nouvel élan aux boursicoteurs, portant leur nombre à un peu plus de 1,34 million en 2020. Cette dynamique positive s’est poursuivie en début d’année, avec 70.000 nouveaux investisseurs au premier trimestre. Mi-2020, la part des échanges réalisés par les particuliers a atteint près de 7 % contre 2 % en 2019, avant de revenir autour de 5 % actuellement, selon des données d’Euronext. La participation des particuliers est limitée par rapport aux Etats-Unis, où ils représentent environ 30 % des volumes d’échanges globaux sur les actions.