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Assemblée générale de l’AASGO : gouvernance, cybersécurité et stratégie au cœur des enjeux d’Orange

L’Assemblée Générale annuelle de l’AASGO – Association des Actionnaires Salariés du Groupe Orange a réuni adhérents et salariés de Orange, chez Orange, le 11 décembre. 250 participants, en présentiel ou connectés sur la visio en ligne.

Une édition marquante de l’avis de tous, qui résulte d’un travail collectif. D’année en année, notre task force de l’AASGO, dédiée à cet événement, est impliquée à réfléchir aux grands enjeux du Groupe, et va à la rencontre des experts pour construire un événement riche en échanges, utile à tous et fidèle à l’esprit de partage de l’association. Et en effet, l’après-midi du 11 décembre, a déployé un programme dense, mêlant vie statutaire, débats de fond et échanges directs avec la gouvernance du groupe. Un événement marqué par une même ligne de force : comment conjuguer performance économique, transformation technologique et responsabilité sociale dans un contexte de fortes tensions géopolitiques et numériques. Pour se terminer par un cocktail convivial, où les douceurs de la pâtissière Nina Metayer nous ont régalés les yeux et les papilles.

Nous vous partageons un premier compte-rendu, pour vous faire revivre les sujets forts en attendant de mettre à disposition les replays des séquences sur notre chaine You Tube.

Une assemblée statutaire sous le signe de l’engagement actionnarial

L’événement s’est ouvert par l’Assemblée Générale statutaire de l’AASGO, avec la présentation des rapports moral et financier. L’association a rappelé ses priorités : développer l’actionnariat salarié chez Orange, maintenir un dialogue régulier et exigeant avec la direction du groupe, et défendre une représentation effective des actionnaires salariés au Conseil d’administration.

Un point a particulièrement retenu l’attention : depuis mai 2024, aucun administrateur représentant les actionnaires salariés ne siège au Conseil d’administration d’Orange, en raison de recours juridiques successifs. Une situation que l’AASGO déplore vivement, tant pour la qualité de la gouvernance que pour l’engagement des salariés, parfois lassés par des processus électoraux à répétition. L’association a réaffirmé sa stratégie de présentation de listes indépendantes ou en partenariat.

Autre sujet clé : l’impact de la forte hausse du cours de l’action Orange. Si cette progression – supérieure à 40 % – témoigne de la solidité du groupe, elle limite mécaniquement l’augmentation de la part d’actionnariat salarié, les mêmes montants d’intéressement et de participation permettant d’acquérir moins d’actions. L’AASGO plaide ainsi pour un abondement renforcé et une meilleure reconnaissance de la fidélité des actionnaires salariés, notamment via le dividende.

Les résolutions ont été adoptées à l’unanimité, et un nouveau partenariat avec la GMF a été annoncé, apportant à la fois un soutien financier à l’AASGO et des avantages concrets pour ses membres.

Cybersécurité : une menace systémique devenue opportunité stratégique

Pour cette grande édition de l’événement annuel de l’AASGO, organisé au siège d’Orange à Issy-les-Moulineaux, l’association a réuni un panel d’intervenants de tout premier plan. Après l’Assemblée générale de l’AASGO, introduite par Marc Maouche, Président de l’association, et Olivier Paon, secrétaire général, deux tables rondes ont rythmé l’après-midi. La première, consacrée à la cybersécurité comme opportunité de croissance, a réuni Guillaume Contat, RSSI et DPO de l’Assemblée nationale, fort d’un parcours de plus de vingt-cinq ans au cœur des systèmes d’information de l’État, Hugues Foulon, Directeur Exécutif et CEO d’Orange Cyberdefense, Florence Puybareau, Directrice du Clusif, et Ahmed Baladi, avocat associé, spécialiste des enjeux juridiques internationaux, sous l’animation de Sébastien Garnault, Président du Paris Cyber Summit et de la CyberTaskForce.

Cette première table ronde a placé la cybersécurité au cœur des enjeux de croissance et de résilience. Attaques sur la supply chain, ransomwares, violations de données personnelles ou campagnes de désinformation : le panorama dressé confirme une intensification des menaces, alimentée par l’extension continue des usages numériques.

Orange CyberDéfense a partagé un retour d’expérience concret : quatre cyberattaques majeures subies en 2025, illustrant la convergence croissante entre cybercriminalité et manipulation de l’information. Le facteur humain demeure un point de vigilance majeur, représentant près de 40 % des failles observées.

Les échanges ont également mis en lumière la complexité du cadre juridique international, marqué par des législations parfois contradictoires. Dans ce contexte, la conformité ne peut plus être uniquement réactive : elle doit être anticipée. La notion de « souveraineté numérique » a été abordée avec pragmatisme, au profit de celle d’autonomie stratégique : diversifier les solutions technologiques pour renforcer la résilience, sans exclure les acteurs internationaux, mais en évitant toute dépendance excessive.

Gouvernance d’entreprise : un rôle en pleine mutation

La seconde table ronde a abordé les enjeux de la gouvernance d’entreprise et le rôle des conseils d’administration, avec les regards croisés de Bénédicte Hautefort, CEO et cofondatrice de Scalens et administratrice de JCDecaux, Jean-Charles Simon, Délégué général de Paris Europlace, Cédric Lavérie, Head of French Research chez Institutional Shareholder Services, et Denis Terrien, Président de l’IFA et administrateur expérimenté.

Au cœur du sujet, l’évolution du rôle des Conseils d’administration face à la complexité croissante des environnements économiques. Plans de succession insuffisamment préparés, durée des mandats raccourcie, dissociation de plus en plus fréquente des fonctions de Président et de Directeur général : les pratiques de gouvernance évoluent sous la pression des marchés et des investisseurs.

Le rôle des agences de conseil en vote a également été décrypté. Devenues incontournables pour les gestionnaires d’actifs, elles analysent les documents d’assemblée générale, formulent des recommandations et dialoguent avec les entreprises pour améliorer la qualité de l’information publiée.

Trois thèmes structurants dominent aujourd’hui les travaux des Conseils :

  • L’intelligence artificielle, désormais omniprésente dans les assemblées générales, mais encore insuffisamment traitée au niveau des boards, faute de formation et d’expertise.
  • Les risques géopolitiques, dont l’impact opérationnel et financier impose une grande agilité stratégique.
  • Les enjeux environnementaux et ESG, avec la mise en œuvre de la CSRD et la recherche d’un équilibre entre exigence réglementaire et attractivité des marchés.

Un constat partagé émerge : la qualité de la gouvernance repose de plus en plus sur la collégialité, la diversité des profils et l’accès à une expertise indépendante.

Dialogue avec la gouvernance d’Orange : cap stratégique et transformations

La journée s’est conclue par un échange direct avec Marc Maouche, Président de l’AASGO, et successivement, Jacques Aschenbroich, Président du conseil d’administration d’Orange, et Christel Heydemann, Directrice Générale d’Orange. L’occasion de revenir sur la répartition des rôles entre Conseil et Direction, mais aussi sur les grandes opérations stratégiques récentes du groupe.

Les discussions ont abordé les enjeux de transformation sociale, avec un effort massif de formation lié aux évolutions des métiers, les opérations de croissance externe, notamment en Espagne, et les réflexions autour d’une possible recomposition du marché français des télécoms, dans un contexte de concurrence accrue, y compris par satellite.

Christel Heydemann a dressé un bilan positif du plan stratégique « Lead the Future » : objectifs financiers tenus, gestion maîtrisée de l’inflation, solidité des infrastructures, et forte dynamique en Afrique et au Moyen-Orient. Le groupe opère désormais un recentrage stratégique, passant d’une logique principalement orientée réseaux à une approche davantage centrée sur les clients, la confiance et la souveraineté numérique.

L’intelligence artificielle s’impose comme un levier majeur de création de valeur, avec des impacts déjà mesurables sur la performance et la relation client. Elle constitue également un puissant facteur de transformation des emplois, nécessitant une adaptation continue des compétences et des organisations.

En filigrane de cette Assemblée Générale, un message clair : la performance durable d’Orange repose autant sur ses choix technologiques que sur la qualité de sa gouvernance et sur le rôle actif de l’actionnariat salarié. Un équilibre exigeant, mais stratégique, au cœur de la trajectoire du groupe.